« Nous sommes en guerre » a martelé le président de la république française lundi soir. Des hélicos kakis patrouillent partout, on vérifie les laisser-passer et 60 millions de personnes sont assigné-e-s à résidence : depuis cette « dernière guerre » dont mes parents se souviennent à peine, rien de tel ne s’était imposé à nos peuples, en effet.
Ennemis… intérieurs ? un nouveau virus ? l’indiscipline ? le doute ? la rationalité ? la peur ?
Tandis que l’épidémie peine à atteindre le dixième du bilan d’une grippe saisonnière*, elle explose pourtant les records de panique et épuise pour de bon les personnels de santé du fait de sa ponctuelle et intense dangerosité, et de sa vitesse de propagation.
Ce sont surtout les informations et les opinions qui guerroient, une fois de plus – et c’est un sacré exercice mental que de ne pas s’y perdre. Quant à s’y retrouver vraiment tout à fait, ça semble impossible encore : qui pourrait prétendre avoir une vue d’ensemble ici** ?
Dans le même temps, en réduisant toute activité à l’essentiel vital, le confinement offre enfin à nos cœurs et à nos terres ce à quoi iels aspiraient depuis si longtemps, de plus en plus fort : une paix singulière se répand, urbaine et campagnarde. Revoilà le silence et le cri de la chouette jusqu’aux abords des villes ! Revoilà l’ennui possible et le temps de jouer avec les enfants ! Revoilà le ciel pur et les couleurs du printemps.
Je me doute qu’il y a aussi bien des cris dans les chaumières, des télés allumées en permanence sur l’agitation artificielle classique des êtres humains. Il y a bien encore les pires moteurs de l’industrie en fonctionnement, morts chimiques, désolations mécaniques et horreurs nucléaires.
N’empêche, l’invitation à la paix des familles, à l’introspection dans la solitude, à la solidarité même dans l’épreuve : jamais ça n’a été aussi franc, de la part d’un système économico-politique dont ce n’est habituellement pas le fort.
Nous voilà pris-e-s au dépourvu par un mouvement inouï de l’histoire.
So what ? Qu’est-ce qu’on en fait ? De quel recul avons-nous besoin pour nous positionner collectivement avec toute notre intelligence – et ce, dès à présent, et quelles que soit les ficelles et les devenirs de cette « interruption » ? Reviendrons-nous au monde d’avant ? Tout change tout le temps, oui mais comment ? N’est-ce pas comme toujours en tout cas à écrire encore, avec notre foi et notre amour – quelles que soient leurs couleurs ?
Pour poursuivre ce mouvement de conscience initié chacun-e pour soi, je t’invite à répondre à ces questions (en solo et / ou en commentant cet article) : te sens-tu en guerre ? Te sens-tu en paix ? Les deux, ni l’un ni l’autre ? Avec qui, comment, pourquoi ?
* À lire absolument pour arrêter de relayer n’importe quelle info n’importe comment : le post « covid fin de partie » du blog de jdmichel !
** Ceux qui s’y essaient ne partagent que leurs visions, aussi intéressantes soient-elles… ainsi Aurélien Barrau, Marc de Basquiat ou Thomas Cowan. Sans parler des nombreuses canalisations apaisantes, saines colères ou plate-forme fraternelles de colibris, des chansons populaires et des infos qu’on peut trouver sur Bastamag par exemple.


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